Suis-je un Jedi ?
C'est la curieuse question que je me pose quand je parcours Facebook.
Le Jedi, c'est celui qui, ne tombant pas du côté obscur de la force, ne laisse pas succomber sa nature profonde aux passions, à la colère et à la peur. Dans la mythographie contemporaine, le Jedi est un personnage positif. Pourtant, à en croire Facebook, il ne serait qu'un pitoyable conformiste, mouton attendant d'être tondu.
Ces derniers jours, je lis sans cesse des posts où les principes essentiels sont oubliés pour se conformer à un courant de pensée que j'aime à qualifier d' "alternatif dominant". Dans celui-ci, on oublie notamment les progrès réalisés sur le plan des valeurs partagées pour se conformer à des réflexes "primaires", au sens biologique.
Ainsi, le drame de l'affaire Maëlys offre un prétexte pour réclamer le retour de la peine de mort. Mais dans quel but ?
Il est évident que ce n'est pas dans un dessein pédagogique ; lorsqu'elle existe ou lorsqu'elle a existé, elle ne présente aucun aspect dissuasif. Le fait que la Floride soit l'un des 5 Etats américains à exécuter le plus de criminels n'a pas découragé, mercredi à Parkland, Nikolas Cruz d'assassiner 17 personnes.
Dans un souci de réparation, par stricte application de la loi du talion, peut-être ? Mais comment croire que le frais - et bref - courant d'air de la lame du bourreau provoquera le moindre réconfort à des parents qui ont tout perdu ?
Parce qu'elle correspondrait à la vision sociétale d'une justice placée au dessus de la communauté humaine ? Ainsi, une simple consultation de la liste des pays ayant appliqué la peine de mort, dans les dix années écoulées, nous enseigne que le droit de la plupart d'entre eux a été structuré par la charia ou par le droit militaire. Il ne me semble pourtant pas que ce soit le cas de ce que nous appelons justice en Europe !
Par vengeance sociale et collective ? Soit ! J'entends l'argument et je consent à sa recevabilité.
Pour autant, si je reconnais à l'autorité publique la juste détention de la violence légitime, je considèrerai toujours qu'elle ne peut pas aller jusqu'à la négation d'humanité que constitue toute décision, prise de sang-froid, de donner la mort.
J'estime qu'un Homme ne doit pas tuer un semblable, même lorsque par son comportement ce dernier incarne l'altérité absolue et ne semble plus être qu'un "Homme par naissance".
Je ne vis pas sans émotion, ni sans passion, mais je ne veux pas en être le serviteur démuni.
Si je suis un Jedi, ce qui m'inquiète, c'est que comme tant d'autres, après avoir agit dans le monde en voulant le bien de mes frères humains, je risque fortement de verser dans la misanthropie pour me réfugier en des lieux inconfortables comme Dagobah ou Ahch-To.