7 lieux de foi
En ce moment, faute de pouvoir m'en faire des nouveaux, je poursuis ma flânerie dans mes souvenirs de voyage.
Voici 7 lieux de foi qui comptent parmi mes préférés.
D'aucun pourrait s'étonner de pas y retrouver l' abbaye du Mont-Saint-Michel, le Duomo (Milan) ou Sainte-Sophie (Istanbul).
C'est ainsi, s'ils ne sont peut-être pas les édifices cultuels les plus beaux au monde, ni les plus importants, les 7 ci-dessous sont,de manière subjective, mes incontournables !
n°6 (ex-aequo) - la synagogue orthodoxe de Pest
Construite dans les années 1910, elle fut ruinée, en grande partie, pendant la seconde guerre mondiale.
Elle n'échappa à une destruction totale qu'en raison de sa transformation en écurie par les nazis.
La générosité de la diaspora juive, notamment américaine, permit à son pavement et à ses stucs de retrouver leurs couleurs vives.
Elle était, avant la Shoah, la synagogue des orthodoxes de la capitale hongroise, tandis que la communauté néologue (judaïsme réformée) se retrouvait dans Grande synagogue de la rue Dohany (l'une des plus grandes, et des plus célèbres au monde).
En 2016, une vieille dame charmante, hongroise, israélite et francophone m'en fit la visite commentée. Alors que nous parcourions ensemble le lieu, elle me raconta aussi son voyage de lycéenne, depuis Budapest jusqu'en Limousin, en train, via Clermont-Ferrand.
Dans la Hongrie communiste de son enfance, on préférait alors apprendre le français plutôt que l'anglais.
Elle me laissa ensuite seul, et je m'imprégnais de ce lieu, bien plus confidentiel que la Grande synagogue.
Quelques photographies y rappellent la période la plus noire de son histoire.
Si ma gentille dame était très fière des "vitraux" préservés, c'est la découverte de la bimah, de bois et de fer, qui m'a le plus interpellé.
n°6 (ex-aequo) - l'église San-Miniato-al-Monte
Si j'admets volontiers que Florence compte des églises plus intéressantes ou plus belles, ma préférence, en cette ville, va pour la plus parfumée.
Beaucoup ne montent jusqu'à elle que pour profiter du panorama, avec vue sur la coupole de Brunelleschi.
L'édifice mérite pourtant le déplacement pour lui-même.
Si le revêtement de sa façade semble être le prototype de celui de la plupart des églises florentines, c'est son intérieur, roman, qui m'a le plus touché.
Pour un français habitué au gothique (l'art français) ou au roman auvergnat, le pavement du XIIe siècle en opus sectile, les colonnes en réemploi et la nef charpentée peinte m'apparurent hors du temps.
Le cimetière des portes saintes qui se trouve en contrebas, embaumé de l'odeur entêtante du jasmin, achève de donner une atmosphère romantique au lieu.
n°5 - le monastère des hiéronymites de Belem
Voici un lieu qui n'a rien de confidentiel.
Son cloitre n'a en rien la sobriété des autres cloitres que j'ai pu visité.
La profusion manueline est même étonnante quand on connait l'austérité à laquelle aspiraient les moines de l'ordre. Il faut bien reconnaître qu'il y a là du "bel ouvrage"
n°4 - la synagogue portugaise d'Amsterdam
Comme à Pest, le drame de la Shoah s'y rappelle à vous.
Elle est d'une grande sobriété et on s'y éclaire encore à la lueur des bougies.
Etonnement, ce fut la belle découverte de ma visite hollandaise.
n°3 - die Kirche am Steinhof
Dans ce classement, la plupart des lieux m'ont semblé imprégnés de la piété, des espoirs, des craintes et des doutes des membres de leurs ecclesiae.
Rien ne semblable à l'église du Steinhof.
Ce qui la rend exceptionnelle c'est le geste architectural.
Ce geste est total puisque tout y a été conçu par Otto Wagner, jusqu'au moindre élément mobilier.
De surcroît, il en a pensé non seulement l'esthétique mais aussi -et avant tout- la finalité.
S'agissant de l'église d'un asile d'aliénés, l'ensemble du lieu et de ses équipement liturgiques a été réfléchi pour apporter aux patients la sérénité qui peut être espérer dans une maison de Dieu.
J’eus la chance de bénéficier d'une visite commentée par deux guides, dont un médecin psychiatre.
Alors même qu'elle reste une inconnue pour la plupart des touristes voire des habitants de cette ville, j'affirme qu'elle est un incontournable de toute découverte un peu sérieuse de Vienne,
n°2 - les mosquées d'Edirne
C'est vrai, je triche, en faisant comme si les trois principales mosquée de l'ancienne Andrinople n'en faisaient qu'une.
En dehors de leur localisation et de leur affectation, elles n'ont pourtant rien en commun.
Sur le plan chronologique l'Eski Camii est la plus ancienne. Elle semble une grande halle emplie de superbes calligraphies. D'autres éléments de décors plus discrets signifient aux visiteurs l'importance culturelle qu'avaient la flore pour une population qui, quelques générations auparavant, chevauchait encore sur des terres désolées.
Vient ensuite la mosquée que nous, français, nous appelons curieusement au 3 balcons (alors qu'elle en a 7), imprégnée de la tradition seldjoukide.
Enfin la Selimiye, connue comme le chef-d’œuvre de l'architecte Sinan, et qui avait justifié ma venue à Edirne.
mais aussi ...
Certains pourraient me reprocher de ne trouver aucune église française dans mon classement.
Me sont elles trop familières pour réussir à m'interpeller ? Je ne sais pas !
Disons que dans cette catégorie, mon tiercé, pas nécessairement dans l'ordre, serait la cathédrale d'Amiens, celle de Bourges (pour ses vitraux notamment) et celle d'Albi.
En revanche, si le site la rend exceptionnelle et que je reconnait les performances techniques qu'elle nécessita la merveille de l'Occident me laisse de pierre.