Plus d'une mémoire et plus d'un barbare

2018, n'est pas que le centenaire de l'armistice qui mis fin aux combats du premier conflit mondial.

2018, marque aussi les 80 ans des ultimes abandons des démocrates de l'entre deux-guerre.

Anschluss, passivité dans la crise des Sudètes, accords de Munich ne sont que quelques un des épisodes qui rendront irréversible la seconde guerre mondiale, et presque inévitable le défilé de la Wehrmacht sur les Champs Elysées.

Ainsi, en novembre 1938, devant le parlement britannique dénonçant, les accords de Munich, Winston Churchill avait ces mots prophétiques : «Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre. Ce moment restera à jamais gravé dans vos cœurs».

Voici bien longtemps que les cœurs en question ont cessé de battre ; aujourd'hui, il revient aux vivants de commémorer, pour que ces terribles moments ne deviennent pas de banals souvenirs dans la mémoire des peuples européens.

Peut-être, parce que cela aurait été commémorer un temps de lâcheté, peut-être parce qu'elles étaient trop occupées au Centenaire 14-18, mais les autorités nationales n'ont rien prévu pour cela.

En revanche, à Saint-Bonnet-le-Chastel, le vendredi 9 novembre, à l'heure où débute le shabbat, le glas sonnera pour marquer les 80 ans de la Nuit de Cristal.

Il sonnera une nouvelle fois au lever du soleil.

Entre les deux, l'éclairage public sera éteint de 22h30 à 5h00.
Dans cette nuit noire, chaque habitant sera invité à déposer des bougies à ses fenêtres en mémoire des victimes de toutes les barbaries.

Car le siècle qui s'est écoulé depuis la Pogromnacht a montré que, s'il y a plus d'une mémoire, il y a aussi bien plus d'une barbarie : nazisme, stalinisme, polpotisme, épuration ethnique en Yougoslavie et dans la région des grands lacs, attentats islamistes jusque dans des mosquées, extrémisme hindouiste amenant à des lynchages généralisées, etc.

Toutes ces barbaries ne sont jamais totalement comparables, du moins sans risquer l'indignité. Mais elles ont toutes pour mères les mêmes fondements d'incompréhension haineuse et pour fils les mêmes fleuves de sang et de larmes.

Elles ont aussi en partage, ces quelques lueurs d'espoirs, ces gens biens qui firent ce qu'ils purent, ces justes, ces héros anonymes qui, à défaut de sauver tous leurs contemporains, sauvèrent un enfant, une femme ou parfois un homme, sauvant ainsi un peu l'humanité.

Ces petites lueurs dans les nuits de l'espèce humaine, la Commune de Saint-Bonnet-le-Chastel propose donc à ses habitants de les faire revivre avec quelques bougies (disponibles gratuitement en mairie et dans la cabine à livres)