La fierté embarassée d'un Maire

Aujourd'hui, Jean-Luc COUPAT m'a remis le label "Terre saine" à Cunlhat ; une petite cérémonie où les communes de Novacelles et Saint-Gervais sous-Meymont ont également été honorées.

En recevant ce prix, j'avoue avoir eu un petit sentiment de gêne.

D'abord parce que à Saint-Bonnet, comme à Novacelles et dans la plupart des Communes du Livradois, on préfère faire et continuer à faire plutôt que dire qu'on a fait.

Ensuite et surtout parce que la Commune de Saint-Bonnet-le-Chastel, sur le plan environnemental, n'est pas vertueuse en tout. L'assainissement du bourg de Saint-Bonnet-le-Chastel constitue ainsi un point noir pour la qualité des eaux de la Dolore et je serais censé en rougir.

Mais, là aussi, nous travaillons, chaque année, à améliorer la situation ; entre autres choses, morceau par morceau, nous passons en séparatif nos réseaux. Si c'est loin d'être suffisant, nous avançons pas à pas.

Dans un autre domaine qui concerne aussi la santé de la terre, il est illusoire de penser que l'agriculture pourra, dans son ensemble, se passer du jour au lendemain de ces pesticides, et autres intrants, qui coûtent si chers aux agriculteurs. Mais rien ne serait plus mortifère pour l'environnement de nos moyennes montagnes qu'un pays sans paysan, conséquence inévitable de toute transformation à marche forcée. Que les pouvoirs publics fassent tout leur possible pour donner des perspectives d'avenir, et donc aussi de reprise, aux exploitations de taille humaine au lieu d'en culpabiliser les actuels exploitants ! Voilà longtemps qu'il ne s'agit plus de gaulois inconscients des changements du monde. Ce ne sont pas eux les aveugles !

Après cette digression, essentielle mais qui reste une digression, je reviens à ma question ! Comment aurais-je du me sentir à cette remise de label, fier ou embarrassé ?

Si la seconde hypothèse avait été la bonne, je n'y serais pas allé. J'ai suffisamment d'occasion de parcourir notre beau Livradois et d'y faire des réunions.

Mais comme Maire, je suis aussi pleinement fier de mes équipes.

Choisir, dès 2012, de se passer de tout produit phytosanitaire sur l'espace public, cimetière compris, impacta, en premier lieu, les agents techniques. Je pense, d'abord, au surcroît de travail, particulièrement important, que cela occasionne. Je pense aussi au mécontentement que, parfois, certaines personnes leur manifestent, contrariées de voir une touffe d'herbe, voir une ronce, se lancer à l'assaut d'un trottoir.

D'ailleurs, comme Maire, je suis aussi fier de la population de la Commune que j'ai la chance d'administrer. En moins de 10 ans, la plupart du temps, elle a accepté de faire sa révolution, admettant comme voisins le plantain et le pissenlit. Nombreux, aussi, sont ceux qui ont accepté de participer à l'entretien d'un petit coin d'espace public ... comme les anciens le faisaient autrefois.

Une double fierté donc ... un peu embarrassée et qui m'interpelle sur le travail restant à accomplir.